Genève (GE): De parc en parc (Micro oasis)

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Le projet « de parc en parc » vise à tester des micro-haltes de fraîcheur (micro-oasis) durant l’été pour inciter des personnes vulnérables, comme les aîné-e-s, à sortir de chez elles, pour se rendre dans un lieu frais – comme un parc- ou à investir l’espace public même lorsqu’il fait chaud. Le but principal est de lutter contre l’isolement social en période de canicule.

Une micro-oasis est une structure de mobilier urbain légère ( emprise au sol 2.2 m sur 6.0 m et hauteur de 3.5 m). Elle propose des assises avec accoudoirs, de l’ombrage avec une toile et de la végétation (bambous d’environ 2.0 m de hauteur). Sa particularité est de proposer un système de brumisation à la demande avec des boutons poussoirs.

Ce projet pilote, d’une durée de trois ans, vise à tester d’une part les contraintes de l’installation sur le domaine public, avec le raccordement à l’eau et à l’électricité, et d’autre part à mesurer la pertinence de ces infrastructures saisonnières auprès des aîné-e-s.

Le projet «de parc en parc» s’est déployé durant les étés 2021, 2022 et se poursuivra en 2023, en proposant à chaque fois l’installation de cinq micro-oasis dans différents quartiers de la ville de Genève. Ces structures saisonnières invitent la population, en particulier les seniors, à se rencontrer et se rafraîchir en ville durant l’été. Le but est d’abaisser localement la température de plusieurs degrés et d’offrir ainsi un environnement agréable et propice à la rencontre même en cas de forte chaleur.

Enjeu de santé pour les seniors

Mises sur pied à l’initiative du service de la Médecin cantonale, ces structures rafraîchissantes entendent inciter les personnes âgées à sortir de chez elles quand il fait chaud pour rester actives physiquement et maintenir des liens sociaux, autant d’éléments essentiels au bien-être physique et mental dont les seniors, résidant en ville, sont souvent privés en période de canicule lorsqu’ils sont encouragés à rester à la maison. Les instances sanitaires ont longtemps conseillé aux personnes âgées de rester à domicile en période de canicule pour prévenir les risques liés à l’exposition aux fortes chaleurs. Or, rester chez soi pour fuir la chaleur accroît également le risque d’isolement. Les mesures de distanciation sociale liées à la pandémie de COVID-19 l’ont encore récemment confirmé : l’isolement contribue à détériorer la santé physique et psychique. S’isoler, c’est se couper des liens sociaux mais c’est aussi se priver de pratiquer une activité physique modérée bénéfique pour la santé.

Adaptations aux canicules

Ce projet pilote incarne une volonté de changer de paradigme en matière de prévention et promotion de la santé liée à la canicule. Ceci en proposant un dispositif adapté qui contribue à pallier le risque de sédentarité et d’isolement social mais aussi d’exposition à la chaleur. Cette nouvelle manière d'aborder la prévention est d'autant plus importante que les périodes caniculaires seront probablement plus longues et plus fréquentes dans les années à venir.

Ce projet pilote s’inscrit dans la concrétisation du Concept cantonal de promotion de la santé et de prévention 2030 et constitue aussi une des 20 actions immédiates identifiées par le Conseil administratif de la Ville de Genève dans le cadre de la stratégie climat municipale. Il vient également compléter le plan canicule mis en place chaque année par la Ville de Genève en faveur des personnes âgées de plus de 75 ans.

Tester

Ce projet pilote offre l’opportunité de tester une solution en situation réelle, ce qui est nécessaire car nous avons peu ou pas de recul pour mesurer les ressources nécessaires à leur déploiement, ni d’apprécier ses effets directs sur les utilisatrices et utilisateurs que cela soit d’un point de vue thermique, de «confort», ou sociétal.

L’aspect «équipement public» pour toutes et tous est également important car il offre un séjour frais et «gratuit» dans l’espace public, contrairement aux terrasses de restaurant dont la plupart  nécessitent de consommer.

La structure micro-oasis

Conçue par les architectes Pascal berger et Wendy Gaze, cette structure a été pensée pour pouvoir être facilement disposée en lieu et place d’une case de stationnement automobile, comme une terrasse de restaurant. Les éléments sont fixés sur un plancher afin d’y accéder à niveau depuis le trottoir sans marche.

La disposition des places assises est organisée en côte à côte sur un seul banc muni d’accoudoirs (de 3 à 7 places). Ce choix découle des mesures de distanciation Covid-19 qui étaient alors en vigueur. Cette disposition permet de «condamner» une place sur deux au besoin (d’autres versions en vis-à-vis ont été abandonnées pour cette raison).

A l’arrière de la structure, des bacs plantés de bambous apportent une note végétale et un effet un peu cocon. Le système de brumisation, couplé à l’arrosage automatique des plantes, est caché dans les mâts en mélèze et vient offrir, sur demande, 30 secondes de brumisation par le haut. Une bâche vient couvrir le tout apportant de l’ombrage.

Retours sur l’installation sur le domaine public

En 2021, nous avons exploré différentes implantations, dans des environnements différents : à la place de cases de stationnement, dans des espaces piétons et à proximité de commerces. Hormis le défi constitué par les raccordements nécessaires aux réseaux d’eau et d’électricité qui ont été particulièrement chronophages et difficiles, nous avons constaté que les espaces piétons et animés étaient ceux qui affichaient la meilleure fréquentation. Les commerçants se sont aussi montrés un peu sceptiques lors de l’installation, craignant soit des dégâts liés à la brumisation ou alors à une occupation négative (marginaux, bruit, littering).

Fort de ce constat, en 2022, nous avons procédé uniquement à des installations dans des espaces piétons au bénéfice de facilités de raccordements.

Les sites ont été choisis avec soin afin d’assurer une fréquentation naturelle et spontanée. Les emplacements bruyants, proche du trafic routier n’ont pas étés retenus. La proximité de poubelles constituent aussi un atout : nous n’avons pas eu de problèmes majeurs de littering, ni de déprédations. Les services de la voirie ont régulièrement procédé au nettoyage des déchets afin d’assurer l’attractivité des micro-oasis.

Mesure objective du confort des piétons

En 2022, des relevés microclimatiques ont été effectués sur les micro-oasis avec un outil innovant développé par le Laboratoire énergie environnement et architecture (LEEA) de la Haute école du paysage, d'ingénierie et d'architecture de Genève (HEPIA) dans le cadre du projet CityFeel. Ces relevés ont démontré une diminution locale et temporaire de 5 degrés sur le dispositif, grâce à l’ombrage, la végétation et le système de brumisation, ceci avec de modestes consommations d’eau et d’électricité.

Etude santé auprès des aîné-e-s

Le Service de la Médecin cantonale a mandaté une étude «santé» pour mesurer l’impact sur les personnes âgées. Les observations et entretiens donnent des résultats positifs. Les personnes âgées utilisant le dispositif se montrent satisfaites et l’utilisent régulièrement. Elles ont aussi confirmé que ces structures saisonnières les aident à sortir de chez elles lorsqu’il fait très chaud et peuvent faciliter le cheminement d’accès à un parc (lieu de fraîcheur).

Maitre d'oeuvre:

Pilotage Service de la Médecin cantonale. Contribution financière de la La Ville de Genève AGCM (logistiques liés à l’installation et  lien avec le tissus social).

Canton de Genève

Département de la sécurité, de la population et de la santé, secteur prévention et promotion de la santé (pilote du projet)

Département du territoire : Service cantonal du développement durable et Service du paysage et des forêts

Ville de Genève :

Département de l’aménagement, des constructions et de la mobilité : Service de l’aménagement, du génie civil et de la mobilité

Département de la cohésion sociale et de la solidarité : Service social

Mandataires :

S’agissant d’un projet avec de multiples partenaires, un travail important de coordination a été mis en place ainsi qu’un groupe de travail. Un mandat spécifique a été donné à Communication in science.

Coordination du projet : Communication in science, M. Mirko Saam

Architectes des micro-oasis : M. Pascal Berger et Wendy Gaze, architectes

Menuiserie : Construction Exotique, Versoix

Etude santé : Mme Lisa Moussaoui, Docteure en psychologie

Etude climatique : Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève (Hepia), Professeur Reto Camponovo, chargé de mesures avec le microclimamètre

En 2022, la Ville de Vernier a également participé à l’opération en installant 2 micro-oasis sur son territoire.

Calendrier

Automne et hiver 2020 : développement du projet. Mandat donné à des architectes pour développer un projet de structure.

Printemps 2021 : construction des structures hors site. Elaboration d’un dossier de presse, éléments de communication et diffusion de l’information (via les canaux usuels, in situ et propre aux aîné-e-s).

Recherche de sites pouvant accueillir les micro-oasis, nécessitant accès à l’eau et à l’électricité.

Juillet et août 2021 : installation de 5 micro-oasis dans l’espace public

Octobre 2021 : débriefing, bilan

Le groupe de travail est actif depuis sa création. Il est en veille pendant l’automne et l’hiver et se remet à la tâche au printemps.

Coûts

Le projet est cofinancé par plusieurs services du Canton et de La Ville de Genève. Un budget détaillé figure dans la présentation PDF jointe.

Le coût total de la première opération en 2021 : environ 90'000.- francs. (58% canton et 42% Ville de Genève).

Pour la deuxième édition en 2022 95'000.- francs (deux nouvelles micro-oasis implantées sur la commune de Vernier et financées par le canton).