Genève : aménagement du quai des Bergues

Photos © Nicole Zermatten / Ville de Genève

Contexte et historique

Le quai des Bergues est situé dans le périmètre protégé de la Rade, sur la rive droite du Rhône. Il a été dessiné dans les années 1830 par Guillaume-Henri Dufour, dans le cadre des grands travaux d’embellissement de la Rade. Dans la seconde moitié du 19ème siècle, il est devenu un lieu de promenade, en lien notamment avec le développement du tourisme à Genève.

Dans sa configuration d’origine, le quai des Bergues était surmonté d’un parapet en pierre. Entre 1972 et 1973, une structure en porte-à-faux a été réalisée au-dessus du fleuve pour accompagner le développement routier du quai. D’une largeur de 5 mètres au niveau des ponts de l’Île, cet encorbellement diminuait ensuite progressivement pour disparaître juste en aval du pont des Bergues.

Une inspection réalisée en 2014 a révélé des dégradations importantes de ce porte-à-faux, nécessitant sa fermeture immédiate au public, en raison de la corrosion de sa structure portante. Différentes options ont été étudiées et chiffrées, comme la rénovation de l’encorbellement ou sa démolition puis sa reconstruction. Finalement, c’est la démolition pure et simple qui a été retenue, accompagnée du réaménagement du quai dans son gabarit d’origine. Cette solution va de pair avec la restauration des usages d’antan, liés principalement à la promenade et à la contemplation du paysage de la Rade.

L’aménagement du quai a été imaginé conjointement avec un nouveau schéma de circulation dans le quartier de Saint-Gervais. Des études ont été menées depuis 2008 par la Ville et l’Etat de Genève dans le but de détourner le trafic de transit qui congestionne les rues étroites de ce quartier, tout en maintenant les accès nécessaires pour les habitant-e-s et les activités.

Une promenade pavée le long du Rhône

Le quai des Bergues a été pavé sur l’ensemble de sa surface, de façade à façade et sur un seul niveau, sans chaussée ni trottoirs. Une cuvette centrale pour la récolte des eaux de pluie a été positionnée à l’axe du quai, soulignant les volumes de l’espace public et du bâti.

De nombreux bancs ont été disposés face au Rhône et permettent une pause bienvenue pour profiter de la vue. De grands bacs de plantation, développés spécialement pour ce lieu, s’intercalent entre les bancs pour amener de la verdure dans ce site urbain. Construits en deux tailles différentes, ils contiennent des végétaux composés d’un mélange de bulbes et de plantes de faible envergure. Deux nouveaux arbres ont été plantés sur la place des Bergues et le trottoir du quai du Mont-Blanc. Pour les cyclistes, des épingles à vélos ont été installées à plusieurs endroits le long du quai. Les barrières et le mur de quai ont également été rénovés.

Les terrasses font partie intégrantes du concept d’aménagement. Elles peuvent se déployer notamment le long des façades, contribuant à l’animation de ce lieu.

Le quai des Bergues bénéficie également d’un nouvel éclairage. Tous les anciens luminaires et mâts, à caractère routier, ont été remplacés. Deux nouveaux systèmes d’éclairage ont été conçus pour accompagner le caractère piéton de cet espace public. Entre les ponts de l’Île et le pont de la Machine, neuf luminaires sur mâts ont été installés. Il s’agit du même modèle que celui utilisé sur l’ensemble des berges du lac et des cours d’eau en Ville de Genève. Entre le pont de la Machine et le pont du Mont-Blanc, le quai est désormais éclairé uniquement par le cordon lumineux de la Rade, rénové et équipé de la dernière génération de lampes LED. Ainsi, l'éclairage a pu être ramené à une échelle humaine tout en diminuant la quantité de matériel utilisé, sans doublons entre le cordon lumineux et un éclairage de type routier comme c’était le cas auparavant. Par la même occasion, le quai a été équipé en électricité pour les manifestations.

Une attention particulière aux personnes à mobilité réduite

Le nouvel aménagement se déploie sur toute la surface du quai, sans différences de niveau. Un soin particulier a été apporté à la mise en oeuvre des pavés de grès, selon un procédé consistant à les scier sur le dessus puis à les flammer, pour qu’ils ne soient pas glissants et qu’ils forment une surface la plus plate possible. Ce choix traduit la volonté de ne pas créer de nuisances sonores supplémentaires lors du passage de véhicules sur les pavés, mais surtout de faciliter la déambulation des personnes à mobilité réduite. Une attention a également été portée à la composition architecturale du sol pour guider les traversées transversales du quai, grâce à de larges bandes de pavés bosselés, suffisamment saillants pour être ressentis et détectés par les personnes aveugles et mal-voyantes. Une bande de 2 mètres de largeur, libre de tout obstacle, a aussi été préservée le long des barrières.

Une circulation apaisée au sein du quartier

Le nouvel aménagement est à priorité piétonne à l’échelle du quai. Les accès pour les riverain-ne-s (habitant-e-s, commerces et hôtels) sont maintenus. Le schéma de circulation de l’ensemble du quartier de Saint-Gervais fait encore l’objet d’études et d’essais, dans le but de pacifier la circulation et de privilégier les modes doux. La Ville souhaite en effet apaiser le trafic de transit au sein du quartier, en conservant l’accessibilité pour les riverain-e-s.

En effet, à ce jour, un schéma de circulation définitif n’a pas encore été choisi. Toutefois, la flexibilité du projet permettra une adaptation du statut du quai au fil de l’évolution des sensibilités politiques et citoyennes et des choix effectués en matière de mobilité.

Un quai mis en valeur
Le nouvel aménagement du quai des Bergues a permis de dégager l’espace du quai et de mettre en valeur les façades des bâtiments et les paysages de la petite Rade. Le public et les riverain-e-s peuvent désormais profiter pleinement de ce quai très agréable et orienté plein sud. Cette réalisation sensible et évolutive s’inscrit dans la volonté d’améliorer la qualité de vie en ville, par la mise à disposition d’espaces publics conviviaux. Le projet s’intègre de manière harmonieuse au sein du tissu historique de l’hypercentre. Il repose sur une compréhension subtile des enjeux patrimoniaux et de la mixité des usages actuels, tout en restant ouvert sur d’autres utilisations dans le futur. 

Le nouvel aménagement, au caractère piétonnier affirmé, s’inscrit dans la continuité des espaces publics voisins, comme les quais situés tout autour de l’Île ou le quai Bezanson-Hugues sur la rive d’en face. Il participe à la création de parcours agréables et conviviaux au centre-ville, encourageant les déplacements à pied.