Genève (GE) : Promenade de l’Aire

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Le projet de renaturation de l’Aire est l’ossature d’une réorganisation territoriale et paysagère de toute la plaine de l’Aire sur une longueur totale de 5km. Définie dans le plan directeur cantonal de Genève comme une pénétrante de verdure, ce dispositif territorial permet de relier la ville de Saint-Julien en France avec le centre de Genève le long d’un véritable jardin linéaire. La structure paysagère proposée assure à la fois l’écoulement des eaux, les continuités végétales et animales nécessaires, ainsi que l’insertion d’un vaste maillage de promenades dans le tissu des cheminements existants. Elle est garante de la sécurité des territoires et des hommes et de la possibilité de l’insertion d’activités humaines compatibles avec les principes du développement durable. L’ancien canal de l’Aire, trace du travail des hommes dans leur effort de maîtrise du territoire agricole, est le support maintenu visible des changements proposés. Les courbes de la nouvelle rivière dialoguent avec la rectiligne du tracé conservé de l’ouvrage historique, qui est réinvesti comme espace d’accueil du public, devenant un véritable espace public rural.

Le projet
L’Aire s’écoule au Sud de Genève à travers une plaine historiquement consacrée à l’agriculture. De la fin du XIXème siècle jusqu’aux années 1940, la rivière a été progressivement canalisée pour maîtriser ses crues. En 2001, l’Etat de Genève organisa un concours en vue de redonner à la rivière un cours plus naturel. Le groupe Superpositions a proposé un plan qui combine le canal préexistant transformé avec un nouvel et vaste espace parallèle de divagation pour la rivière. Dans cette nouvelle organisation, le canal devient l’indicateur des transformations en cours, une ligne de référence donnant au visiteur la possibilité de comprendre, de ressentir un « avant » et un « après ».

Jardin linéaire
Notre projet tente une démarche dans laquelle les améliorations environnementales nécessaires et urgentes sont intégrées dans des modifications culturelles plus vastes. L’organisation complexe du projet associe le nouvel espace de liberté de la rivière à une suite linéaire de jardins implantés dans l’ancien canal. En réalité, c’est tout le projet qui devient un seul « jardin linéaire ». Face à la morphologie originale des montagnes du bassin versant et aux traces bien visibles inscrites par les activités humaines, ce long jardin linéaire organise les vues, les confrontations, les présences et les matériaux de manière à faire naître dans ce territoire précieux et fragile des questions, des inquiétudes et des espoirs.

Le nécessaire calme et l’intériorité sans lesquels il n’y a pas de véritable jardin est recherché tout au long des différents lieux et parcours. L’empreinte du canal est un dispositif fondamental pour construire cette intériorité. Une trace permanente qui limite et cadre une suite de situations, destinées à renouveler l’attention des visiteurs, à proposer une nouvelle découverte des lieux, par de nouvelles sensations, par une suite de chocs émotionnels. Ces situations visent à déclencher un processus de mémoire involontaire, le seul capable de faire une collision d’espace et de temps. Une dalle de béton surplombe l’eau et vous invite à venir tout près, à sentir et toucher l’eau. Une tentative d’éveiller tous les sens.

Cheminements
Avant sa transformation, l’ancien canal était bordé sur ces deux rives de routes en enrobé accessibles au trafic motorisé. Le site était déjà connu des promeneurs, mais la configuration des chaussées, étroites et démunies de trottoirs, n’était pas adaptée aux mobilités douces. Par ailleurs, la promenade longeant l’Aire croisait en plusieurs endroits des axes routiers sur lesquels circulent un trafic important et les traversées piétonnes étaient mal sécurisées.

La totalité de la promenade a aujourd’hui été coupée au trafic motorisé, permettant d’offrir à la population une promenade réservée entièrement aux mobilités douces sur une longueur d’environ 5km. Seuls de courts tronçons restent accessibles aux riverains pour accéder à leur habitation. Les chaussées en enrobés ont été supprimées et remplacées par des cheminements en gravier argilo-calcaire. Certains axes routiers perpendiculaires ont également été coupés à la circulation et transformés en promenades. Dans les cas où ces axes ont dû être conservés, les traversées ont été réaménagées de façon sécurisée. Il est par conséquent aujourd’hui possible de se rendre à pied ou à vélo de Saint-Julien (France) aux portes de la ville de Genève en empruntant un itinéraire réservé uniquement aux mobilités douces

Franchissements
Etant donnée l’augmentation importante du gabarit de la rivière par rapport à celui de l’ancien canal, la quasi-totalité des franchissements a dû être renouvelée. De nouvelles passerelles, réservées uniquement aux mobilités douces, ont également été réalisées. Ces passerelles, qui complètent le maillage des promenades, offrent à la fois des points de vue privilégiés sur le nouveau cours d’eau.

Espace public rural
Paradoxalement, si les villes sont généralement aménagées d’espaces publics de détente (places, parcs, squares), de tels lieux font souvent défaut à la campagne. Lieu de production par essence, elle est toutefois devenue un lieu de villégiature et les espaces d’accueil du public y sont parfois rares. Le projet de revitalisation de l’Aire a été l’occasion d’offrir à la population genevoise un véritable « espace public rural » qui s’étend sur l’ensemble du linéaire de la rivière.

Chemins agricoles
Le projet pour la revitalisation de l’Aire a également été l’occasion de restaurer et de compléter le réseau des chemins agricoles d’entente avec les agriculteurs riverains, permettant ainsi d’optimiser la cohabitation entre les besoins du monde agricole, les nouveaux milieux naturels et la fréquentation accrue du public.

Mobilité réduite
L’accessibilité aux personnes à mobilité réduite a été assurée pour ensemble des nouvelles promenades et des espaces d’accueil du public.

Organisation
Maître d’ouvrage :  

  • Etat de Genève

Maître d’oeuvre :
  • Groupe Superpositions
  • Georges Descombes architectes
  • Atelier Descombes Rampini architectes
  • B+C Ingénieurs hydrauliciens
  • ZS ingénieurs civils
  • Biotec Biologie appliquée

Processus
Période de construction : 2001-2016 (en 3 étapes)

Aspects financiers
Coût : 70’000’000 CHF