Sion (VS) : Cours Roger Bonvin - Stream Park

Créée dans les années 1980 lors de la couverture de l'autoroute, la cours Roger Bonvin a été réaménagée pour offrir aux habitants un réel espace public. 

Contexte
A l’interface des secteurs en plein essor de Champsec et Vissigen, le Cours Roger Bonvin (CRB) possède une position stratégique indéniable. L’évolution urbaine de Sion, qui étend au fil des siècles ses limites vers le sud-est notamment, augmente l’attractivité de ce secteur et, par conséquent, la nécessité de mettre en place des espaces publics de qualité. Le CRB, servant à la fois de zone tampon entre deux quartiers de ville et de liaison entre le pôle santé (Hôpital cantonal et SUVA) et la gare, bénéficie ainsi d’un important potentiel pour polariser des activités variées et une population diversifiée.

Lors de sa création, durant les années 80 et la couverture de l’autoroute, un premier aménagement avait été mis en œuvre. L’absence de zones ombragées due à la difficile croissance d’une majorité des sujets plantés sur un long socle en béton accentuait toutefois les effets de chaleur et lui conférait une appropriation difficile. Face à ce constat et à la prise de conscience de son important potentiel, les autorités communales ont décidé d’entièrement repenser ce territoire d’un hectare de surface capable de générer de la qualité urbaine à travers un espace public performant. Sa fonction de « frontière » entre les quartiers d’habitation de Champsec et Vissigen constituait d’ailleurs une opportunité pour y créer un lieu d’intensité urbaine et de centralité.  

Et le leitmotiv de la Ville - recomposer plutôt que de tout réaménager - a permis une rapidité d’exécution pour des coûts relativement restreints.

Transformation
La mue du Cours Roger Bonvin à travers le projet Stream Park se cristallise par un programme diversifié, vaste et complet qui combine une vingtaine d’activités urbaines (zone d’échange, coin lecture avec de nombreux bancs, petite plage, fontaine, skate-park, secteur barbecue…) favorisant les échanges intergénérationnels. A cet enjeu social s’ajoute une dimension environnementale caractérisée par une végétalisation renforcée de tout le secteur. En effet, l’aménagement de petits îlots/radeaux de verdure, la plantation de quelques 700 érables et l’installation de fontaines à eaux permettent non seulement d’inviter la nature en ville mais également de lutter contre le réchauffement climatique et les effets d’îlot de chaleur urbain. Dans cette perspective, le CRB s’érige en aménagement emblématique du projet pilote AcclimataSion lancé par la ville et soutenu par la Confédération (www.sion.ch/acclimatasion).

Plus concrètement, le CRB est composé de deux séquences, l’une ouest l’autre est, dont la jointure marque le point de ralliement des gens du quartier. A cet endroit, au cœur du parc, une buvette en lien avec une plage urbaine aménagée dans l’amphithéâtre existant souligne la centralité de l’espace, qui se présente comme le versant profane face à la chapelle catholique déjà présente.

La partie ouest est largement imprégnée d’une multitude de radeaux de verdure qui brisent sa linéarité afin de lui conférer une structure dynamique, de compartimenter l’espace et de lui redonner une échelle plus humaine.. Cette disposition fait notamment écho à l’histoire du lieu occupé par les méandres du Rhône avant sa correction au 19ème siècle. D’une certaine manière, l’usager est invité à déambuler dans cette valse de plantations agrémentées d’assises pour se reposer, lire ou simplement profiter du soleil.

La séquence est, quant à elle, laisse plus de place aux activités et concentre substantiellement moins d’îlots de verdure car on y trouvait déjà une arborisation hors de la tranchée couverte. Un important coin pique-nique / barbecues fixes a été aménagé sous les arbres existants et il rencontre un franc succès. On y trouve aussi une fontaine à eau, des terrains de volley modulables et des tables de ping-pong régulièrement prises d’assaut.

Par ailleurs, le skate-park, anciennement installé près du stade de Tourbillon, a été délocalisé près des fontaines lui conférant une visibilité certaine et une forte attractivité. Des cheminements latéraux, reliant d’une part la Ferme Asile, institution culturelle emblématique de la vie sédunoise, et d’autre part une rue à l’est, ont été aménagés pour intensifier les possibilités de circuler.

Et finalement, pour donner un peu d’intimité et une meilleure lisibilité à l’espace, des arbres sont judicieusement plantés. 

En définitive, ce territoire remis à jour draine une population importante et reçoit les critiques positives des habitants. Les multiples possibilités offertes pour venir sur le cours Roger Bonvin favorise aussi le contrôle social important et donc une pratique du vivre ensemble. Dans un secteur où les constructions s’étalent en hauteur, les espaces extérieurs jouent un rôle extrêmement important par la création de liens et d’aires de respiration. Le Cours Roger Bonvin remplit parfaitement cette double fonction et constitue, de surcroît, un lieu de couture paysagère qui brise la barrière urbaine qu’est l’autoroute.