L’année 1973
est à marquer d’une pierre blanche. A cette date, en effet, les
citoyens de la ville de Winterthour ont accepté à une large majorité un
projet d’aménagement, au coeur de la ville historique, d’une zone fermée
à la circulation. Mais de longues années se sont écoulées jusqu’à
l’inauguration de l’actuelle zone piétonne, qui a fait couler beaucoup
d’encre et connu bien des péripéties politico-juridiques. Toutefois,
dans ce cas au moins, le dicton “Tout vient à point pour qui sait
attendre” n’est pas usurpé.
“En
résumé, on peut dire que la signalisation cohérente et continue d’une
zone piétonne permet de créer un régime favorable à la circulation
piétonnière, ce qui revalorise la Vieille ville en tant que centre
d’achat, de rencontre, de culture et d’habitation, sans pour autant
entraver par trop les conditions indispensables à la fluidité du
trafic”. Aujourd’hui, plus personne ne songe à contredire cette phrase,
prononcée par le conseil municipal de Winterthur en date du 17 mars
1999. Peu à peu, les façades du quartier, d’apparence autrefois rigide
et sévère, se sont adoucies; on a admis que les espaces favorables à la
circulation piétonne sont somme toute rentables et ce, non seulement
pour les riverains, les restaurateurs ou les centres de divertissement,
mais également pour les magasins et les établissements commerciaux en
tous genres.
Le premier pas vers l’aménagement d’une zone
piétonne en Vieille ville date de 1955, avec la fermeture au trafic du
secteur “Untertor–Marktgasse”, la plus importante rue commerçante de
l’époque (avant même l’explosion du trafic routier au cours des années
soixante). Les efforts des riverains de la Vieille ville pour retrouver
la bouffée d’air à laquelle ils aspiraient ont enfin été récompensés en
1973, grâce à la décision populaire précitée. Cependant, loin d’avancer
pas après pas, le projet a plutôt adopté ”le rythme de l’escargot”.
Pourtant, la Vieille ville de Winterthour était très bien desservie par
les transports publics, la gare principale et de nombreux arrêts de bus
étant situés dans sa périphérie immédiate. Bien plus tard, en 1987, un
jalon important a été posé dans cette lente évolution : la signalisation
d’une zone interdite au trafic motorisé. Les places de parc situées en
bordure de route ont été peu à peu remplacées par des parkings à étages,
construits à l’entrée de la Vieille ville (de 1500 en 1970 à 2500
actuellement). Au milieu des années nonante, les dernières places de
parc disponibles en Vieille ville et alentour ont fini par disparaître.
Ainsi, les tergiversations en matière de réglementation de la police de
la route prirent fin de la meilleure des manières. Dès lors,
l’instauration d’une zone privilégiant de manière générale la
circulation piétonne – tout en autorisant le trafic motorisé circulant à
la vitesse du pas – n’était plus qu’une question formelle.
Se libérer de l’automobile: un argument de vente
A
intervalles réguliers, plusieurs interdictions de circuler dans les
ruelles et sur divers tronçons routiers pour le trafic motorisé
suivirent différentes mesures architecturales et urbanistiques, entamées
en 1976, sur la route principale Untertor – Marktgasse. Les commerçants
établis dans ce secteur ont largement contribué, financièrement
parlant, à la réalisation de cette zone. Depuis lors, d’autre ruelles
ainsi que d’autres places ont été embellies (ou vont l’être dans un
proche avenir). L’éternel conflit d’intérêts entre riverains et
commerçants, qui craignent de perdre une clientèle motorisée, peut
vraiment être résolu. Car avoir “à sa disposition” tout un quartier, de
même que pouvoir déambuler à sa guise et faire ses achats sans courir
aucun risque sont – et res-teront – un avantage apprécié, en particulier
en présence de décors historiques et d’espaces extérieurs aménagés avec
autant de soin et de goût qu’au centre de Winterthour.